IL ÉTAIT UNE FOIS… JULES & JIM
Réalisateur | Thierry Tripod |
Auteurs | Serge July, Marie Genin et Thierry Tripod |
Image | Caroline Champetier, Hervé Lode |
Son | Thierry Blandin |
Montage | Albertine Lastera, Marie-France Cuenot, Tina Baz |
Durée | 52 minutes |
Format | 16/9 |
Versions | Française et anglaise |
Diffuseurs | France5, TCM, TSR |
Intervenants:
- Jeanne MOREAU, actrice, rôle de Catherine
- Stéphane HESSEL, le vrai fils du vrai Jules
- Serge REZVANI, musicien et peintre, interprète de Albert
- Raoul COUTARD, chef opérateur attitré de la Nouvelle Vague et de François Truffaut
- Jean GRUAULT, scénariste et adaptateur
- Florence MALRAUX, assistante de Truffaut
- Claudine BOUCHÉ, monteuse
- Arnaud DESPLECHIN, cinéaste
HISTOIRE D’UN FILM. Jules est allemand et Jim français. Leur amitié débute avant la Première guerre mondiale. Les tranchées les opposent, mais ne les séparent pas. Ils se retrouvent dès l’armistice. Catherine a épousé Jules et accouché d’une petite fille. Elle a un amant musicien avec qui elle chante Le tourbillon de la vie. Jim aime toujours Catherine. Jules s’éloigne alors par amour et par amitié. Mais Catherine n’est pas heureuse avec Jim et ils se quittent. Quelques années plus tard, ils se revoient tous les trois. Catherine emmène Jim sur les bords de la Marne et précipite leur voiture dans l’eau. Jules reste seul. Adaptation par François Truffaut d’un roman autobiographique de Pierre-Henri Roché publié en 1953, ce portrait d’une femme libérée mais toujours insatisfaite offre un rôle magnifique à Jeanne Moreau et fait connaître dans le monde entier les chansons de Rezvani. Proposant une nouvelle géographie amoureuse aux antipodes de l’adultère boulevardier, le film frôle l’interdiction et déclenche le scandale. Plus de cinquante ans après sa sortie en 1961, le destin tragique du trio est devenu un mythe moderne.
HISTOIRE D’UNE ÉPOQUE. Censée se dérouler entre 1907 et 1927, l’intrigue de Jules et Jim revue par François Truffaut tourne au manifeste des années 60, comme d’autres films qui sortent en même temps: La Dolce Vita de Federico Fellini, L’Avventura de Michelangelo Antonioni, A bout de souffle de Jean-Luc Godard. Ce sera l’une des décennies les plus créatives et les plus audacieuses du XXe siècle, du roman à la musique, en passant par les arts et le théâtre. Au cinéma, c’est le triomphe de la Nouvelle Vague. Le personnage de Catherine que Jean Moreau incarne dans « Jules et Jim » bouleverse l’image de la femme et annonce la révolution sexuelle à venir. Féconde et légère, l’époque est aussi grave : en plein tournage du film, a lieu à Alger le putsch manqué des généraux hostiles à l’indépendance de l’Algérie. Plus pacifique, le rapprochement franco-allemand s’accélère sous les auspices du général De Gaulle revenu au pouvoir et de Conrad Adenauer, deux vieillards auxquels Jules et Jim semblent faire écho, quand on entend Jules, le jeune Allemand du film, chanter « La Marseillaise ».
HISTOIRE D’UN CINÉASTE. Jules et Jim est le troisième long-métrage de François Truffaut, après Les 400 coups et Tirez sur le pianiste ! Truffaut a alors 29 ans. Après une adolescence difficile, transposée dans Les 400 coups. Engagé volontaire, il déserte et fait de la prison avant d’être réformé. Il publie alors avec d’autres dans Les Cahiers du cinéma des textes en défense du film d’auteur et contre le cinéma commercial qui vont fonder la Nouvelle Vague. En 1955, il lit avec éblouissement le roman de Henri-Pierre Roché, où il trouve des ressemblances avec sa propre enfance et ses amours dispersées. Roché meurt en 1959, avant le tournage de Jules et Jim. En hommage, le cinéaste adaptera en 1971 le deuxième roman de son ami, Les deux Anglaises et le continent. Au sommet de son art, François Truffaut meurt prématurément en 1984, à 52 ans.